top of page
Le Jardin de la Laiterie
Le Jardin de la Laiterie
Le Jardin de la Laiterie
Le Jardin de la Laiterie
Le Jardin de la Laiterie
Le Jardin de la Laiterie
Le Jardin de la Laiterie
Le Jardin de la Laiterie
Le Jardin de la Laiterie
Le Jardin de la Laiterie
Le Jardin de la Laiterie

Le Jardin de la Laiterie

Un film de Marc Weymuller

2023

86 mn

Production : Le Tempestaire / Les Petites Caméras

MENTION SPECIALE DU JURY Meilleure ralisation artistique - Prnu International Documentary Film Festival - 2024.png
WINNER-BESTDOCUMENTARY-RomeOutcastIndependentFilmAward-December2023.png

Je ne suis pas né pour gagner. Je suis né pour être vrai.

Je ne suis pas né pour réussir. Je suis né pour vivre

en faisant honneur à la lumière qui brille en moi. 

Abraham Lincoln

Drapeau anglais

Nichée au pied de la ville bretonne de Fougères, en plein quartier historique, la laiterie Nazart s'est développée pendant plus d'un demi-siècle dans un îlot de verdure. C'était une entreprise familiale où la qualité des relations humaines et le plaisir de travailler ensemble ont toujours primé sur l'intérêt personnel des patrons. Un modèle malheureusement condamné à disparaître. Sa liquidation judiciaire a été prononcée en 2005.

 

Bien des années se sont écoulées depuis et pourtant, chaque mercredi, d'anciens salariés de la laiterie continuent à se retrouver pour entretenir le jardin potager qui alimentait jadis la cantine de leur entreprise. Les liens qui les unissent se désagrègent moins vite que les bâtiments. Les souvenirs demeurent. Chacun se souvient de ce qui s’est passé. Ensemble, ils recomposent, fragment par fragment, le récit de la disparition de leur entreprise,  précipitée par des intérêts financiers occultes.

 

Portés par une mémoire commune qui résiste, ils se retrouvent, saison après saison, et se réconfortent dans cet endroit ouvert sur le miracle de la vie où chacun peut exprimer son besoin profond d'humanité, en marge du monde qui court. La laiterie a fermé, mais l'aventure humaine continue. On n’efface pas une vie de travail comme cela.

Images et son

Xavier Arpino  - Marc Weymuller

 

Photographies

Gérard Fourel - Archives de la famille Nazart

 

Musique

Compositions originales de Philippe Saucourt et Héloïse Lecomte

 

“Clair de Lune” de Claude Debussy Interprétation et arrangements :Maurice Blanchy (Accordéon) - Bruno Fleutelot (Vibraphone) - Héloïse Lecomte (Violoncelle) - Nicolas Marguet (Cor) - Philippe Saucourt (Banjo, Ukulélé, Guitare)

 

“La Encantadora” de Ignacio Cervantes / “Habanera Tú” de Eduardo Sánchez de Fuentes / “Hava Nagila”, traditionnel hassidique

Interprétation : François Fortanier (Clarinette et Saxophone)

 

Production

Les Petites Caméras / Le Tempestaire

Absinte Abramovici - Benoit Keller - Laure Saint Hillier - Marc Weymuller

 

Réalisation, montage, étalonnage et Mixage

Marc Weymuller

Teaser

OFFICIAL SELECTION - Avanca Film Festival Portugal - 2024.png
SELECTION Vagabondages Cinmatographiques - 39mes Rencontres Cinma de Gindou - 2024.png
OFFICIAL SELECTION  - Courage Film Festival Allemagne - 2024.png
OFFICIAL SELECTION - Saratov Sufferings Documentary Drama Film Festival - 2024.png
LE JARDIN DE LA LAITERIE
Marc Weymuller

LE JARDIN DE LA LAITERIE

Une entreprise familiale, emblématique d’une époque où la vie et le travail étaient plus mélangés.

Créée dans les années trente, la laiterie Nazart a connu un développement très rapide durant les trente glorieuses. Jusqu’à cent cinquante personnes y ont travaillé quotidiennement. Durant plus de cinquante ans, ce fut une ruche bouillonnante où un fleuve blanc de lait, en provenance des fermes du pays de Fougères s'écoulait chaque jour pour y être transformé en fromages, en yaourts, en caséines et caséinates. Chaque jour, dans les ruelles étroites du quartier, c’était le même chapelet ininterrompu de camions chargés de bidons qui se faufilaient pour accéder à la laiterie. 

Le Jardin de la Laiterie - Ateliers de la Laiterie Nazart

C'était une entreprise familiale, emblématique d’une époque où la vie et le travail étaient plus mélangés. Elle était dirigée par la famille Nazart, dans un esprit humaniste où la défense des intérêts de l'entreprise et des salariés passait toujours avant ceux des dirigeants qui cherchaient avant tout à entretenir un outil de travail qu'ils pensaient nécessaire à la vie de la collectivité. 

Dans les années soixante et soixante-dix, l’augmentation effrénée des volumes de lait obligea l’entreprise à créer et à fabriquer constamment de nouveaux produits sans possibilité de s’agrandir, compte tenu de sa situation enclavée dans la ville basse. Elle fut ensuite confrontée à l’apparition des quotas laitiers puis à la libéralisation des prix, aux pressions sur les marchés exercées par la grande distribution, à la compétition débridée,  aux guerres d’influence et de regroupement des laiteries. Dans ce contexte pourtant si conflictuel, elle résistait pacifiquement, affichant toujours son indépendance, défendant autant qu’elle le pouvait les petits producteurs. 

Le Jardin de la Laiterie - Atelier de la Laiterie Nazart

Une disparition précipitée

Sa disparition fut cyniquement orchestrée par les banques, en accord avec quelques entités syndicales influentes. L’objectif était de faire pression sur les producteurs indépendants de la région, calmer leurs ambitions et permettre au leader international de la filière laitière d’en tirer tous les bénéfices. Privée du jour au lendemain de trésorerie, la Laiterie Nazart fut contrainte six mois plus tard à déposer son bilan. Sa liquidation judiciaire fut prononcée en 2005

Le Jardin de la Laiterie - Maison familiale Nazart

Comme si le temps s’était brusquement arrêté

C’était il y a plus de quinze ans. Et pourtant, aujourd’hui, si les bâtiments de la laiterie ont été vidés de leurs équipements industriels et que plus aucune activité ne s'y déroule, le décor est toujours là. Le fil du temps semble seulement s’être brusquement interrompu. La grande demeure qui abritait jadis les bureaux et l’habitation familiale des Nazart donne l’impression que tout vient de s’arrêter. Tout est encore en place, les dossiers restent suspendus dans les armoires métalliques, les blouses blanches pendent aux porte-manteaux. Dans les chambres, à l’étage, les lits sont encore faits, quelques jouets d’enfants traînent par terre et des portraits d’ancêtres accrochés aux murs, veillent silencieusement sur le calme de la maisonnée. Tout est là, le mobilier comme les objets. Il manque seulement les gens : la famille Nazart et le personnel de la laiterie.

Le Jardin de la Laiterie - Hélène Nazart

Un jardin refuge

C’est Hélène Nazart qui fut, aux côtés de son frère Jean, la dernière dirigeante de la laiterie. N'ayant pas eu d'enfants, elle y consacra toute sa vie. Lorsque la liquidation fut prononcée, elle refusa de partir. Il était inimaginable pour elle d'envisager un avenir ailleurs. Pour elle, partir, c’était mourir. Alors, elle est restée là, tentant de se reconstruire, dans le secret de sa maison qui n’est séparée des anciens ateliers de la laiterie que par un magnifique terrain arboré qui abrite un foisonnant jardin, à la fois verger et potager. Il alimentait jadis la famille Nazart et la cantine de la laiterie. 

Aujourd'hui encore, on y trouve une grande variété de légumes, de fruitiers, de fleurs et de plantes d’ornementation. Avec l’aide d’un ami apiculteur, Hélène Nazart y entretient même quelques ruches. C’est ce jardin qui lui a redonné la force de se redresser, de se remettre en chemin. Saison après saison, il lui a rappelé la puissance persistante de la nature, il l'a rappelée à la vie, loin de la sauvagerie et de la brutalité du monde économique.

Le Jardin de la Laiterie - Magnolia du personnel du bureau

Une aventure humaine qui se prolonge

Aujourd’hui, c’est Olivier, un ancien compagnon d'Emmaüs, qui s'occupe de son entretien. Homme libre et marginal, c’est un passionné d’horticulture. C’est aussi un rescapé des combats de la vie qui a trouvé en ce jardin un refuge dont il a fait un royaume. 

Le Jardin de la Laiterie - Olivier Troëdec

Chaque mercredi, d’anciens salariés de la laiterie viennent lui prêter main forte. Ils le font depuis la fermeture de la laiterie, c'est-à-dire depuis plus de quinze ans. Ensemble, ils plantent les salades, arrachent les pommes de terre ou récoltent les haricots.  Ils se retrouvent aussi au jardin chaque fois que c’est nécessaire pour y effectuer les plus gros travaux, comme la taille des fruitiers ou la récolte des pommes. Ils sont heureux de travailler à nouveau ensemble. Après le labeur, ils se regroupent autour de la table qu’Hélène Nazart a dressée devant chez elle, avec le jardin comme seul horizon. 

Un acte de résistance

Dans leurs conversations, le passé et le présent se mélangent très vite. C’est une vie de travail qu'ils ont partagée ensemble et cette vie-là perdure. Pour eux, le jardin est avant tout un lieu de retrouvailles où chacun peut se sentir vivant, parmi les autres. C’est aussi un refuge, un endroit plein de bienveillance où chacun peut se ressourcer, en marge du monde et du temps qui court. 

Leur volonté de continuer à se retrouver, tant d’années après la fermeture de leur entreprise, est un acte de résistance fort. A la puissance dévastatrice de la logique économique et financière où le plus fort et le plus âpre au gain gagne toujours, au détriment de la nature, du plus humain et du plus généreux, ils opposent une humanité belle et invincible, connectée au vivant.

Le Jardin de la Laiterie - Robert Chevalier

Itinéraire du film

Ce film est donc avant tout une invitation à partir au fil du temps à la découverte de ce jardin et de celles et ceux qui l’animent. Il se déroule dans le huis clos de cet espace, à proximité des bâtiments de l’ancienne laiterie et de la maison d’Hélène Nazart. Il suit l’évolution des saisons et leurs effets sur la nature, accompagne les activités - plantations, taille, récolte, repas, moments de repos et de contemplation - et va à la rencontre de celles et ceux qui y travaillent.

Tous se souviennent de ce qui s’est passé. Les bâtiments de la laiterie ont été vidés, certes, mais eux ont travaillé là toute leur vie et leurs souvenirs ne disparaitront pas de si tôt. On peut mettre fin à une entreprise et détruire un outil de travail. Mais on n’efface pas une vie de travail comme cela. Une mémoire collective s'est constituée entre eux et perdure. Les histoires des uns s’ajoutent à celles des autres, elles se complètent et recomposent peu à peu la trame de l'histoire de l’entreprise et de sa disparition.

Le Jardin de la Laiterie - François Fortanier

Le jardin est là pour apaiser le tourment provoqué par leurs souvenirs. Ils y reprennent leur souffle et retrouvent la force d’affronter la réalité d’un monde dans lequel ils savent qu’ils sont contraints de continuer à vivre, en attendant que quelque chose change un jour. Et c’est en se reliant au présent du jardin, en renouvelant le lien avec les autres anciens salariés, qu'ils parviennent à reprendre le fil de leur récit. 

A une époque qui ne cesse de révéler l'échec d’un système qui conduit toujours plus à l’épuisement des ressources naturelles et humaines, ils n'ont, comme nous toutes et tous, pas d’autre issue que de s’engager dans la recherche d'un nouveau contrat avec la nature et avec les autres, dans une harmonie retrouvée avec le vivant.

Le Jardin de la Laiterie
Ce qu'ils en pensent...

Philippe Lignières

 

"Marc Weymuller était invité cette année aux 39èmes Rencontres Cinéma de Gindou. Il y a présenté « Le Jardin de la Laiterie », un film fort, complexe et d’une approche très fine. A travers une très belle qualité d'écriture, il nous présente la mémoire d’un lieu, par un procédé de dissociation parole/image qui n'a rien, justement, du procédé. Mais qui témoigne de la souplesse du dispositif mis en oeuvre, tout dans son appréhension attentive du témoignage, hors stress de la lourde mécanique du cinéma.

 

Magnifique formellement, le film est politiquement très fin, en prenant pour sujet l'évocation d'une entreprise « sans histoires », sans conflits, dont le dirigeant était, horresco referens, juste et admiré. Car ce n'est pas dans les rapports patron/employé.e.s que va se nicher le conflit de classe, mais dans la décision prise par la direction parisienne de la banque de flinguer cette politique de gestion orientée vers la satisfaction des salariés.
 

Pourtant, nous ne verrons que les vestiges désertés de l'objet du délit, la laiterie endormie depuis longtemps, mais aussi l'immense jardin, moitié agrément, moitié potager, que se sont réapproprié en douceur anciens salariés et anciens dirigeants. Dans l'exploration, au fil des saisons, des travaux et des jours, c'est la réappropriation collective d'un espace et la portée révolutionnaire (un mot qui n'est jamais prononcé) de ce geste qui joue comme métaphore des rapports complexes, mais toujours attentifs et bienveillants, qui prévalaient déjà au labeur de la laiterie. Que vaudrait, de nos jours, un dirigeant qui refuserait d'entendre parler de fainéants par ses contremaitres, leur enjoignant simplement de trouver un emploi adapté à chacun.e ? Cette réappropriation collective de ce jardin qui était, déjà à l'époque de l’usine, ouvert à tous (notamment les enfants du quartier qui jouaient jusque dans les ateliers !), n'est que la juste continuation de ce rapport au travail incongru, où labeur n'était pas synonyme d'aliénation, mais de tâche accomplie.
 

C'est ici que le travail de Marc Weymuller est d'une grande finesse. Faisant exploser les carcans entendus du gauchisme naïf, c'est en laissant travailler l'antithèse tranquille de la mémoire ouvrière qu'il opère une critique sans merci de la transformation du travail et du néolibéralisme. Si l'on compte trouver ici une vision manichéenne du rapport capital/travail, on restera sur sa faim. Tous les ouvriers n'ont pas une âme de révolutionnaire, tout comme les paysans du Larzac étaient catholiques et votaient à droite. Mais tout le monde, par contre, est sensible à l'injustice, et sait apprécier son contraire à sa juste valeur. Tous les salariés appréciaient à la laiterie Nazart de pouvoir mener à bien leur métier et d'y trouver ce qu'ils estimaient leur juste rémunération. « En été, on travaillait souvent plus de huit heures et les heures supplémentaires étaient payées. A la morte saison, on faisait souvent sept heures. Et on était payés huit. » Oui, tout le monde n'est pas Che Guevara, mais on apprend au détour des images qu'un sans-papiers iranien trouve là un refuge temporaire. Car c'est silencieusement, dans le faire ensemble, que se crée la communauté de résistance, à sa façon.


C'est ce processus délicat et complexe que filme avec une intense finesse Marc Weymuller, loin des autoroutes balisées d'un audiovisuel dont il a quitté les chemins faussement protecteurs. Il nous donne en échange un regard et une écoute dont il y a beaucoup à apprendre et encore plus à découvrir".

---

Gilles Cervera dans Histoires Ordinaires

Echange avec Sébastien Lasserre et le public

Rencontres Cinéma de Gindou 2023

bottom of page